Mont-Rhumsiki, Mokolo, Nord-Cameroun

jeudi 23 décembre 2010

Garoua : Les détenus ouvrent boutique

Située en face de la prison centrale, « la boutique du détenu » offre au public des objets d’art fabriqués par les prisonniers.

L’ouverture de « la boutique du détenu » a été l’un des moments forts et innovants de la célébration de l’arbre de noël 2010 à la prison centrale de Garoua le 22 décembre 2010. Fruit de l’Association « Cam to me », le magasin qui est logé dans un container aménagé est un espace de vente des différents produits et objets d’arts, de décorations, de sports conçus par les prisonniers de la prison centrale. Le projet qui a vu le jour grâce au concours d'un groupe d'amis italiens réunis au sein « Cam to me » vise d’un part à faire connaître au grand public, le savoir-faire des prisonniers, et la réinsertion socio-profession des détenus d’autre part. « La boutique du détenu est entièrement gérée par les prisonniers eux-mêmes. Nous allons les accompagner dans le processus d’approvisionnement, de la gestion des stocks, du marketing, de la tenue d’une bonne comptabilité », explique David Bayang, membre de « Cam to me » et volontaire à la prison.
De même, les bénéfices tirés de la vente des objets sont totalement rétrocédés aux détenus pour les aider à subvenir à leurs besoins vitaux voire payer le transport du détenu libéré après avoir purgé sa peine. « Le prisonnier peut également cotiser cet argent et une fois sorti de la prison, monter un projet pour sa réinsertion avec notre appui », révèle David Bayang qui regrette que tous les prisonniers notamment les femmes n’y participent pas pleinement faute de formation. Ici, l’apprentissage se transmet par détenus qui se regroupent dans des coins pour tisser, broder ou sculpter des œuvres. « L’autre handicap, ce qu’il est formellement interdit de faire entrer des objets « dangereux » à l’intérieur de la prison (marteau, couteau, ciseaux, scie etc). Ce qui limite la variété des prestations à présenter par les prisonniers », déplore-t-
Du 20 au 22 décembre 2010, le programme de la semaine de l’arbre de noël à la prison centrale de Garoua déroulait une diversité d’activités dont l’investissement humain, la projection d’un film sur écran géant, le match des incollables, les causeries éducatives sur la salubrité en milieu carcéral, les concours de danses traditionnelles, de poèmes et sketchs, un match de foot et un repas avec le millier de prisonnier du centre détention. Des prix ont ainsi été remis aux meilleurs. La messe de noël a d’ailleurs été dite par Mgr Antoine Ntalou, archevêque métropolitain de Garoua qui a fait le déplacement de la prison.
«Nous sommes venus vers eux en ce jour pour leur rappeler que la fête de noël n’est pas seulement pour les autres, mais pour eux », a rappelé Mgr Antoine Talou. La privation de liberté est une épreuve non négligeable. « mais le fait d’être détenu ne signifie pas qu’on pas aimé par Dieu », a-t-il dit avant de dire, «sachez que Dieu vous aime, il vous aime ». Dans son homélie, il a rassuré les détenus en disant que «Dieu vient à l’homme qui est tombé pour le relever ».
Construite pour accueillir 500 prisonniers, la prison de Garoua comptait près de 1500 pensionnaires le 22 décembre 2010. 80 à 160 détenus occupent chacune des 11 cellules de la prison. La cellule N°11 est réservée aux 11 femmes détenues. Malgré les efforts des responsables en charge des prisons, il faut noter que les liés au surpeuplement, à la promiscuité et à la qualité de l’alimentation des détenus sont criards. « Je voudrais conduire un plaidoyer pour inciter le gouvernement en place à faire bon usage de la main d’œuvre pénale. La préparation à la réinsertion socioprofessionnelle du détenu, passe aussi par la mise en place d’un cadre spécial de législation de travail des détenus », espère David Bayang qui souhaite offrir sa dignité à tous les prisonniers de Garoua.

Interview
«70% des prisonniers de Garoua sont des récidivistes »
David Bayang, volontaire à la prison centrale de Garoua


Comment est né votre projet ?
Cela fait bientôt 5 ans que j’interviens bénévolement aux cotés des détenus de la prison centrale de Garoua. L’essentiel de ma mission porte sur l’assistance judiciaire aux détenus les plus indigents. Cette assistance consiste à diligenter les dossiers des prisonniers auprès du Parquet, à requérir les services d’un Avocat pour les dossiers complexes, à payer les contraintes par corps pour les prisonniers les plus nécessiteux, à mettre en lien les détenus avec leurs familles. Pendant mes visites de monitoring, j'ai remarqué que les détenus ont du génie et du talent. Ils savent réaliser des objets d’arts, de décorations, de sports etc. J'ai pensé qu’on pouvait les accompagner en créant un espace de vente des différents produits conçus par leurs soins. Cet espace a vu le jour avec le concours d'un groupe d'amis italiens réunis au sein d'une petite association appelée « Cam to me ».

Que recherchez-vous par ce projet ?
Notre intention est de faire connaître au grand public, le savoir-faire des prisonniers. Le projet vise aussi la réinsertion socio-profession des détenus. A terme, nous allons construire une salle polyvalente qui servira de cadre pour accueillir ceux des prisonniers qui désirent apprendre à concevoir un objet d’art commercialisable.

Comment est géré cet établissement ?
La boutique du détenu est entièrement gérée par les prisonniers eux-mêmes. Nous allons les accompagner dans le processus d’approvisionnement, de la gestion des stocks, du marketing, de la tenue d’une bonne comptabilité.

Est-ce tous les détenus qui sont concerné par ce projet ?
Oui, tous sont interpellés à y participer activement. Il y a un problème chez les femmes prisonnières : elles ont besoin de formation avant de se lancer dans la fabrication des objets. L’autre handicap, ce qu’il est formellement interdit de faire entrer des objets « dangereux » à l’intérieur de la prison (marteau, couteau, ciseaux, scie etc). Ce qui limite la variété des prestations à présenter par les prisonniers.

Quels avantages disposent-ils en produisant des objets d’art pour cette échoppe ?
Les bénéfices tirés de cette boutique sont entièrement rétrocédés aux détenus. Cet argent peut aider à subvenir aux besoins vitaux des prisonniers. Il peut aussi aider à payer le transport du détenu libéré après avoir purgé sa peine.

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