Mont-Rhumsiki, Mokolo, Nord-Cameroun

mardi 14 décembre 2010

Ngong/Garoua: Chrétiens et musulmans souhaitent vivre en paix


Initiée par le comité « justice et paix » du Codas-Caritas de Garoua, la célébration interreligieuse vise à apaiser les tensions et conflits entre éleveurs et agriculteurs.

La grande cour de la résidence du lamido de Tchéboa à Ngong, localité située à une trentaine de Km de Garoua, chef lieu de la région du Nord, a servi de cadre à une célébration interreligieuse pour la paix, le 14 décembre 2010. C’était en présence de Mgr Antoine Ntalou, Archevêque de Garoua, du Révérend pasteur Emmanuel Ousmanou Bivagaï, président du Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun et Sa Majesté Moussa Aboubakari, lamido de Tchéboa, chef traditionnel et religieux et du représentant du sous-préfet de Tchéboa. « La paix est la racine de tout développement. Il n y a pas de développement sans paix », a d’entrée de jeu déclaré l’iman de mosquée de Ngong en invitant les populations, éleveurs, cultivateurs et commerçants à rechercher la paix.
« Nous réclamant d’un même créateur et appelés à cohabiter dans un même territoire, nous n’avons pas d’autres choix que de collaborer », a déclaré l’Abbé Augustin Vondou, curé de la paroisse de Ngong dans son mot introductif tout en espérant cette célébration « nous fera ressortir les réalités que nous vivons et nous offrira des pistes vers une cohabitation paisible et fraternelle ». Après la lecture d’un verset du coran et de la bible, la lecture intégrale de la déclaration commune signée par l’Archevêque de Garoua, le président du Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun et le lamido de Tchéboa.
« Les populations de l’Arrondissement de Tchéboa, enfant du même Dieu, sont appelées à cohabiter sereinement sur le même territoire. Et nous, autorités traditionnelles et religieuses, nous voulons accompagner ces populations en favorisant des espaces de dialogue et d’entente entre elles », énonce la déclaration. Les signataires s’engagent ainsi à aplanir les conflits entre les populations en examinant objectivement les situations de conflits, dans le respect de la vérité des faits. Sa Majesté Moussa Aboubakari, lamido de Tchéboa, est d’ailleurs revenu sur la symbolique de cette rencontre. « Que cette parole n’entre pas dans les oreilles des sourds », a-t-il dit. Il a ainsi appelé les populations à la tolérance et en a même profiter de la tribune pour rappeler le sens du mariage, l’importance d’éduquer les enfants tout comme le sens des mots Droits de l’homme et démocratie.
Pour l’Archevêque métropolitain de Garoua, les plus de 100.000 âmes que comptent l’arrondissement de Tchéboa, (112.000 selon le dernier recensement) et vivant de l’agriculture, de l’élevage et autres activités économique, se côtoient au quotidien. « Ces gens qui ne se voyaient pas hier se rencontrent aujourd’hui sur leur route, à cause de leurs occupations, et il n’est pas rare que des frictions naissent et que des conflits éclatent, surtout entre cultivateurs et éleveurs. Notre région et notre pays ont besoin des uns et des autres, lesquels doivent trouver le moyen de mener une coexistence pacifique », relève Mgr Antoine Ntalou. S’il note que les autorités administratives prennent des mesures opportunes pour sauvegarder les intérêts des uns et des autres, « naturellement ces mesures devraient être révisées périodiquement, selon les besoins et les nécessités ».
En clair, que les populations contribuent à créer un espace commun. « Nous devons vivre et travailler ensemble, dans la concorde et l’entente », a-t-il conclu. Au représentant du sous-préfet d’exhorter les populations de l’arrondissement de Tchéboa à « tout faire pour préserver cette paix », car les conflits menace la paix et la cohésion entre les éleveurs et les agriculteurs. C’est pourquoi il faut respecter scrupuleusement les dispositions qui réglementent la vie en milieu rural. Après Tcholiré en 2009, la deuxième édition du dialogue interreligieux est une initiative du comité « Justice et Paix » du Codas-Caritas de l’Archidiocèse de Garoua qui vise à délivrer message de paix et de concorde dans des localités où les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont majeurs.

Réactions

« Suivre le dialogue qu’on vient d’avoir »
Moussa Aboubakari, lamido de Tchéboa
C’est Dieu qui nous a choisi popu diriger la population. Le message que je donne à mes frères et sœurs, c’est de suivre le dialogue qu’on vient d’avoir avec les chefs religieux. Il ne faut pas que cela entre dans les oreilles de sourd parce que je suis d’accord avec tout ce qui a été dit.

« Nous avons un effort à faire dans le pays et dans l’entente »
Mgr Antoine Ntalou, Archevêque de Garoua
Nous avons noté qu’il ya un phénomène récurent dans notre localité très peuplée, aux activités économiques très variées. Ce phénomène récurent c’est celui de l’opposition et qui plus est de l’affrontement même entre les éleveurs et les agriculteurs pour ne pas parler des autres groupes. Naturellement, cette situation porte préjudice d’abord aux relations humaines entre les habitants de la même localité mais aussi en définitive aux activités économiques qui sont perturbés et parfois même fortement entamées. Nous avons estimé qu’à coté de l’action que mène l’administration en particulier dans le domaine de la réglementation des zones pastorale et des zones réservée à l’agriculture, il y avait une autre action à mener, celle-là qui fait appel aux fibres du cœur des personnes. C’est pour cela que nous avons estimé nécessaire d’organiser cette célébration interreligieuse pour monter à tous, en tant que fils et fille du même pays, enfant du même Dieu, du même créateur, que nous avons un effort à faire dans le pays et dans l’entente.

« Il est très important que nous concevrions cette paix »
Rd pasteur Emmanuel Ousmanou Bivagaï, président du Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun

Cela a surpris des gens. Tout le monde était content. Le lamido, il me disait qu’il a été surpris, c’est une bonne chose. Je pense que cela va conscientiser les gens. Ce n’est pas pour rien qu’on a tenu cette célébration ici. Il y a des problèmes, les agriculteurs et des éleveurs ont des conflits. Nous voulons passer par cette célébration pour apporter notre contribution pour que demain ou après de main, ces gens qui cohabitent, s’entendent. Qu’ils trouvent des solutions à leur problèmes à l’amiable. Nous pouvons passer par la parole de Dieu au niveau des chrétiens, par l’Islam au niveau de musulmans et les animistes qui sont là aussi profitent parce que notre pays est un pays de paix. Il est très important que nous concevrions cette paix là jusqu’au bout.