Mont-Rhumsiki, Mokolo, Nord-Cameroun

jeudi 2 décembre 2010

Maroua: Le CDD s’attaque à la désertification

Le Projet pilote de lutte intégrée contre la désertification (PLID) initié par Diocèse de Maroua-Mokolo a livré ses résultats au cours d’un atelier de restitution le 1er décembre 2010.

C’est dans le but de mettre un ensemble de résultats, de leçon à tirer autant que de recueillir des avis et des idées pour l’avenir du Projet pilote de lutte intégrée contre la désertification (PLID) qu’un atelier de restitution et de réflexion sur les perspectives du programme engagé dans la lutte contre la désertification s’est tenue le 1er décembre dernier dans la salle de conférence du Comité diocésain de développement (Cdd) du Diocèse de Maroua-Mokolo. Prenaient part à cette rencontre, des responsables de la Midima, des délégations régionales du Minep, de Minfof, du Minader, de la Sodecoton et plusieurs experts d’Ong et de la société civile, membre du comité de pilotage du Plid.
Initié par le Cdd depuis un peu plus de 5 ans, le Projet Plid, cofinancé par la Commission Européenne et Broederlijk Delen, a été exécuté dans 5 sites pilotes notamment à Mémé, Mokolo-Mboua, Ouzal, Salak et Wazzang-Kalliao dans la région de l’Extrême-Nord. Le projet couvre les différentes zones écologiques du diocèse dont la montagne, les piedmonts et la plaine. Il couvre 45 villages au total pour une population d’environ 93.000 âmes. L’objectif étant d’améliorer la conservation des eaux, sols et arbres par une série d’actions intégrées en vue d’une exploitation plus rationnelle et durable des ressources naturelles. L’approche du Plid est basée sur l’autopromotion des communautés de village.
A l’actif du projet, on peut citer 195 organisations paysannes fonctionnelles de 20 à 30 membres chacune, 2116 hectares de parcelles agricoles aménagés, la construction 46 puits en matériaux durables, 1.068 biefs en pierres calées, 15 biefs en pierres maçonnées, 5 biefs radiers et 13.410 mètres linéaires de protection et stabilisation de berges de mayo, 64043 plants d’arbres mis en terre, 5109 foyers améliorés fabriqués et utilisés dans 3438 familles et des publications pédagogiques sur la problématique environnementale. « C’est un projet à vocation rurale qui cadre avec la gestion participative de nos écosystèmes forestiers. Avec la dégradation que nous constatons partout », se réjoui Joseph Ndongmo Vouffo, chef de service régional des Forêts et de la faune de l’Extrême-Nord. Pour le modérateur de l’atelier, «le projet a développé des approches, un certain nombre de modèles qui soient ré-applicables en fonction différentes zones écologiques dans lequel il intervenait. En perspective d’une seconde phase, le projet a eu à s’évaluer par les acteurs de manière sans complaisance », explique Pierre Muegem, consultant dans le domaine de l’environnement et du développement rural.
Et même, l’expérience menée par le Plid rentre « en droite ligne dans la lutte contre la pauvreté et la restauration de la fertilité des sols par l’intégration de l’arbre, la construction des ouvrages en pierres calées, en pierre maçonnées qui vont permettre à nos paysans de récupérer une partie de leur sol déjà menacée par l’érosion hydrique » explique Boukar Toto, chef projet Eau, sol arbre ( Esa) de la Sodecoton-Maroua. Les résultats, difficultés, acquis et leçons à tirer, « enrichi le CDD pour mettre en place une seconde phase du projet qui tienne compte de ces erreurs, qui capitalise les acquis et qui fait avancer la question globale de lutte contre la désertification », espère Pierre Muguem.
C’est d’ailleurs dans ce sens que les participants se sont appesanti sur deux thématiques notamment ladésertification telle que ressentie au niveau communautaire et les forces et les faiblesses de la logique d’intervention de Plid I. Ayant pour mission le développement intégral, c’est-à-dire un développement de tout l’homme et de tous les hommes, le Cdd entend lutter contre les effets de la désertification qui a pour conséquence la dégradation continue des ressources naturelles, les sécheresses prolongées, l’insécurité alimentaire chronique, la misère et la pauvreté structurelle. « L’Eglise Catholique qui est à Maroua-Mokolo, face à ce nouveau défi, s’est donné le devoir d’agir pour en réduire la dégradation continu de notre environnement », soutient Edouard Kaldapa, chef de projet Plid.

Interview
«Cette phase du projet se voulait expérimentale »
Edouard Kaldapa, chef du Projet pilote de lutte intégrée contre la désertification (Plid) du Diocèse de Maroua-Mokolo


Quelles sont les réalisations du PLID, arrivé en fin de projet?
Au moment où nous clôturons ce projet, il est difficile de vous dire ici en quelques mots les réalisations. Cela nous prendrait énormément du temps. Toutefois, pour vous donner une idée à partir de quelques réalisations dans les trois grands domaines d’activités techniques du projet dans les 5 sites d’implantation à savoir : La mise en œuvre des pratiques des techniques intégrées de lutte antiérosive où nous avons créé 195 organisations paysannes fonctionnelles de 20 à 30 membres chacune, 2116 hectares de parcelles agricoles aménagés. Nous avons réalisé des ouvrages de gestion de ressources hydriques avec 46 puits en matériaux durables, 1068 biefs en pierres calées, 15 biefs en pierres maçonnées, 5 biefs radiers et 13 410 mètres linéaires de protection et stabilisation de berges de mayo. Il ya aussi eu la promotion de l’arbre et la protection de l’environnement avec 64043 plants d’arbres mis en terre, 5109 foyers améliorés fabriqués et utilisés dans 3438 familles et quelques publications sous formes de livrets pédagogiques sur la problématique environnementale.

Êtes-vous satisfaits des objectifs fixés au départ?
La région de l’Extrême-Nord fait face régulièrement aux nombreux effets néfastes de la désertification. Le chalenge pour nous a été de conduire cette expérience originale de lutte contre la désertification dans notre région. Notre satisfaction aujourd’hui se situe principalement à deux niveaux : l’adhésion effective des populations aux activités préconisées et mises en œuvre par le projet. C’est une prise de conscience effective par les populations des 5 sites que la désertification est une réalité qu’il faut combattre avec méthode et collectivement. Des modèles et approches de lutte contre la désertification ont été testés avec beaucoup de réussite. Nous tenons à les partager avec d’autres acteurs qui souhaiteraient intervenir dans la lutte contre la désertification qui reste défis majeur pour notre région de l’Extrême-Nord. C’est le lieu pour nous de dire un grand merci à tous ceux qui nous ont apporté leur conseil et appuis multiformes. Nous pensons spécialement à l’équipe de la délégation de l’Union Européenne à Yaoundé au Cameroun et les responsables de Broederlijk Delen qui nous ont régulièrement visités et encouragés au cours de la mise en œuvre du projet ; la MIDIMA, les délégations régionales de MINEP, de MINFOF et du MINADER qui nous ont fait l’honneur de participer au comité de pilotage du projet. Leur disponibilité et leur apport déterminant ont été très positif pour le succès de ce projet.

Quelles lacunes éviteriez-vous si le projet était reconduit par les bailleurs?
Cette phase du projet se voulait expérimental, notre souhait est qu’il y’ait une phase d’extension à l’ensemble du diocèse de Maroua-Mokolo et pourquoi pas à l’ensemble de la partie septentrionale du Cameroun. La seule lacune que nous relevons dans cette phase est de n’avoir pas suffisamment impliqué les collectivités locales décentralisées à savoir les communes qui peuvent contribuer de manière déterminante à la pérennité et à la poursuite de cette initiative à la fin du projet. C’est vrai que la décentralisation est un processus en cours de formation dans notre pays, nous devons à l’avenir travailler avec les municipalités en tant organisation de la société civile et surtout autour d’un problème aussi crucial qu’est la désertification.

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