Mont-Rhumsiki, Mokolo, Nord-Cameroun

mardi 9 mars 2010

Afrique: Des assises pour relancer la filière cotonnière africaine


La question des subventions des grands producteurs de coton que sont les Etats-Unis et l’Union européenne à leurs ressortissants ne sera pas à l’ordre du jour, pour la première fois, de la 8e journée de l’Association cotonnière africaine qui se tient du 11 au 13 mars 2010 au Cameroun. C’est l’une des déclarations de la conférence de presse qu’a donné le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, en présence du ministre de la Communication , Issa Tchiroma et du directeur général de la Sodecoton , Iya Mohamed, en prélude à la tenue de ces assises au Cameroun.

« La situation cotonnière au Cameroun n’est pas bonne », selon le Dg de la Sodecoton , Iya Mohamed. La filière va mal, très mal même depuis trois ans malgré l’optimisme affiché par le Mincommerce qui a vite fait de balayé les propos du Dg en indiquant que le Cameroun est le pays le « moins sinistré » en Afrique. « Nous vendons mal le coton et nous ne pouvons pas augmenter le prix d’achat du coton auprès des producteurs », reconnait Iya Mohamed qui avoue que « les producteurs boudent le coton ».

Pour sauver la filière, la politique de diversification des produits, la transformation du textile et de l’huile végétale sont de plus en plus pratiquées comme « solutions », selon le Mincommerce. « 7.000 tonnes de soja ont été achetées auprès de producteurs au cours de la saison dernière pour assurer des revenus au producteurs », a indiqué Iya Mohamed. Selon lui, l’intérêt des producteurs doit être assuré.

Axés sous le thème, « le coton africain face à ses défis », les travaux de Yaoundé est une occasion pour « nous de s’interroger sur l’avenir du coton », selon Luc Magloire Mbarga Atangana. Subventionné à hauteur de 5 milliards de dollar an par les pays riches, la filière africaine entend fourbir de nouvelles stratégies pour contourner les dénonciations de subventions pratiquées par les riches. « Il est donc temps de changer les systèmes de production », reconnait enfin Iya Mohamed. Au nombre des résolutions, en plus de la diversification des produits, l’utilisation des nouvelles technologies dans les moyens de production et des organismes génétiquement modifiés (Ogm).

Quatre importantes communications attendent les 83 participants de 18 pays annoncés à Yaoundé du 11 au 13 mars prochain. Selon Jean Paul Tizi, président de l’Union des producteurs de coton de Lagdo, « les sols sont très pauvres. Nous avons des problèmes liés aux intrants agricoles. Le prix des engrais et des pesticides est très élevé. Cela paralyse l’activité cotonnière par le découragement des cotonculteurs ». Il explique également que certains planteurs prennent des produits agricoles à crédits, font des champs et ne parviennent pas à restituer la dette qu’ils ont contractée. Or, depuis plusieurs années, les cours mondiaux du coton sont au plus bas. Les pays producteurs de coton africain font face à la concurrence des pays du Nord dont la filière est subventionnée. Depuis, ils bradent leur coton pour survivre.

Créée à la veille de la rencontre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2002 à Cancun, où la question des subventions cotonnières a été au centre des débats, l’Association cotonnière africaine entend défendre les intérêts des producteurs du coton, troisième exportateur mondial, après les Etats Unis et l’Ouzbékistan. Avec une vingtaine de sociétés cotonnières et d’égrenage repartis dans 16 pays, l’Association cotonnière africaine a également pour mission d’organiser et de défendre les filières cotonnières africaines en facilitant leur intégration mais également de s’impliquer dans l’action pour améliorer la qualité de la fibre.