Mont-Rhumsiki, Mokolo, Nord-Cameroun

mardi 23 mars 2010

Mayo-Tsanaga : «En 20 ans, l’Ademat a gagné en maturité et en expérience »

Hama Hadama Bello, secrétaire général de l’Association pour le développent du Mayo-Tsanaga (Ademat)

Sous quel auspice placez-vous la tenue de la 10e Assemblée générale de l’Ademat ?
Les travaux de la 10e Assemblée générale seront placés sous l’auspice des acquis à consolider car voyez-vous l’association à presque 20 ans d’âge. Elle a gagné en maturité et en expérience. Il est question à ce titre d’évaluer ces acquis, ensuite chercher à les consolider au mieux, les rendre durables. C’est un défi !

Quelles sont vos attentes ?
Mes attentes en tant que Secrétaire Général sont nombreuses à savoir : que la mobilisation des filles et fils de ce département soit effective ; que les cotisations soient à la hauteur de l’événement, soit dit en passant, battre les 17.000.000 Fcfa récoltés lors de l’Assemblée de Koza en 2008 ; enfin et comme je l’ai dit, qu’au sortir des travaux de cette assemblée, qu’une nouvelle approche méthodologique, fort des expériences passées soit initiée et adoptée car les problèmes du Mayo-Tsanaga sont divers et nombreux et malgré l’intervention des pouvoir publics, ils restent importants et touchent toutes les couches de nos populations. Il serait souhaitable de penser à d’autres pistes afin d’accélérer ce développement. Ici, nous pensons à des banques des données des projets pour chaque unité, l’élaboration d’une synthèse des projets prioritaires et la recherche des bailleurs.

Que peut-on mettre à l’actif de l’Ademat en termes de développement dans le Mayo-Tsanaga ?
En presque 20 ans d’âge, l’Ademat a mobilisé une centaine de millions (matériel et financier) au développement du Mayo-Tsanaga. Ce qui se traduit par l’achat du matériel éducatif et sanitaire, le paiement des enseignants, la construction des salles des classes et leur équipement, l’appui aux comités et autres associations de développement. Ensuite, et c’est important, durant ces années les filles et fils de ce département se sont donné rendez-vous chaque année lors des tenues des assemblées permettant ainsi de mieux penser et asseoir les objectifs que vise leur association à savoir : renforcer les liens d’entente, de solidarité, contribuer à l’éducation civique en vue de rehausser l’image de marque du département, conscientiser les populations du département sur la nécessité de se prendre en charge et j’en oubli encore.…

Quels sont les obstacles au développement de cette région ?
Les obstacles au développement de cette région sont de plusieurs ordres : certains naturels et d’autres conjoncturels. Malgré le dynamisme de ces populations, le manque et la pauvreté des terres cultivables, l’insuffisance des intrants agricoles et la rareté des pluies sont autant de facteurs qui bloquent cette région. Et comme vous le savez, le revenu par habitant est très faible dans cette partie du territoire, ajoutez à cela la forte densité des populations (dans certaines zones, elle atteint 120 habitant au Km²). Vous comprenez donc que c’est une situation peu enviable pour des populations qui vivent à plus de 85% d’agriculture.

Que répondez-vous à ceux qui disent que la politique et la multiplication des comités de développement des villages sont à l’origine de la division dans ce département ?
Je ne crois pas beaucoup à cela. Chaque fille et fils du Mayo-Tsanaga sont originaires d’un village, d’un canton, d’une unité administrative. Le développement se faisant à la base, donne l’occasion aux élites d’apporter leur contribution à chaque niveau de l’échelle. C’est humain, mais l’essentiel c’est de sauvegarder la cohésion sociale de cet important département. Il est vrai que nos élites pensent d’avantage au village avant d’autres considérations. Mais l’organisation sociopolitique ne favorise-elle pas cet état de chose ? Pour être conseiller municipal, il faut bien que votre village vous présente. Pour cela, ne faudra-t-il pas montrer qu’on est proche de celui–ci ? L’essentiel, c’est l’organisation que nous devrions nous doter pour que le plus important reste le développement des entités qui à leur tour, assurera la cohésion et l’épanouissement du grand ensemble (Ademat). Les divisions trouvent leur origine dans les cœurs et non dans l’apport qu’on donne à tel ou tel village. Personne n’a choisi de naître dans le Mayo-Tsanaga. Nous sommes condamnés à vivre ensemble. Nos diversités linguistiques, religieuses, ethniques doivent devenir des opportunités à saisir.

A quoi donc se résument les défis de l’Ademat aujourd’hui ?
Le Mayo-Tsanaga doit comprendre que le monde est devenu un gros village planétaire et que ne peuvent en tirer profit que les peuples organisés, créatifs, ambitieux. Les enjeux se font au sein des grands ensembles, il n’y a donc pas de places aux divisions et à l’individualisme.

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