Mont-Rhumsiki, Mokolo, Nord-Cameroun

vendredi 21 janvier 2011

Mayo-Kani: Les éléphants s’attaquent aux cultures de contre saison




Après avoir écumés les champs des paysans pendant la saison pluvieuse, les éléphants s’attaquent aux cultures de contresaison notamment au mil de saison sèche, dont les populations avaient fondé leurs espoirs.

Désemparées et impuissantes, les populations de 22 villages situés dans le Mayo-Kani n’ont que leurs yeux pour pleurer. Elles ont tout perdu à cause de la chevauchée dévastatrice des éléphants sortis du parc de Waza. A Laf, localité située à une dizaine de Kilomètres de l’arrondissement de Moutourwa, de nombreuses familles ne savent à quoi ressemblera leur lendemain. « Regardez sur le hangar, il n’y a rien qui a été récolté. Or, à cette période de l’année, nous y entassons les produits récoltés comme le mil rouge, le maïs, l’arachide et le haricot », explique Gabriel Yaya. « Les éléphants ont tout dévasté nos champs. C’est sur ces récoltes que nous comptions pour assurer la santé de nos familles, nourrir nos enfants, réfectionner nos cases et l’acquisition du petit outillage pour l’agriculture », relève Nestor Djived de Laf.
Plusieurs troupeaux d’une centaine d’éléphants seraient à l’origine des dégâts et continuent de dévaster les champs de culture selon Philippe Yala. « Regroupé autour du djaoro( chef de quartier : Ndlr), nous formons des groupes avec l’aide des membres de famille. Chacun vient avec de vieux bidon faire du bruit la nuit afin de chasser les éléphants. On allume le feu, ca permet aux éléphants de se déplacer légèrement puis ils reviennent », dit-il avant d’ajouter « qu’on a la chance que les éléphants n’ont pas encore fait de victimes ».
Apres avoir saccagé les récoltes de la saison de pluie, les éléphants s’attaquent désormais aux mil SS. Appelé caral, il est cultivé pendant la saison sèche et permet aux populations de se rattraper surtout lorsque les récoltes n’ont pas été bonne. Une manière d’ailleurs de luter contre l’insécurité alimentaire. « Les dégâts sont sérieux et s’accumulent dans les champs. Pire, les éléphants s’attaquent s’attaque au mil de contresaison, le caral », s’indigne Amadou Zigaou Jean Paul, du comité local Justice et paix de Moutourwa. Sur le terrain, c’est lui qui recense les populations sinistrées. « Mon travail consiste à l’organisation, la formation et le suivi des groupements dans leurs activités de production agricole », énumère-t-il.
Ce dernier travaille avec les communautés et mobilise les informations exactes concernant les ménages affectés, mes spéculations dévastées avec la superficie. « Actuellement, les informations que j’ai, c’est trois arrondissements touchées dans le Mayo-Kani, 22 villages concernés, plus de 757 ménages pour un peu plus de 889,725 hectares dévastés toutes culture confondues », révèle Amadou Zigaou Jean Paul. Dans les villages ayant subi l’incursion des éléphants, on n’implore que l’intervention des autorités afin de mettre fin au calvaire, à la peur et à l’insécurité alimentaires qui guettent les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Le 17 novembre 2010 à Kaélé et jeudi 18 novembre 2010 à Lara, des représentants 19 villages du département, victimes des dégâts des éléphants, accompagnés par le diocèse de Yagoua, écrivent au préfet. « Les populations […]sont en insécurité totale : sociale et économique, nous ne saurions rester sans vous interpeller davantage », écrivent les représentants qui donnent un délai d’une semaine à compter de la date de signature de la note. Depuis, silence radio alors que les pachydermes continuent leur invasion. Selon David Haranga, le responsable du service agriculture du Codas-Caritas du Diocèse de Yagoua, la situation est préoccupant. « Nous avons plusieurs fois interpellés l’administration publique sur cette situation », explique-t-il alors que les éléphants ont fait leur première intrusion dans le village de Laf le 7 octobre 2010. Le préfet du Mayo-Kani et le sous-préfet de l’arrondissement de Moutourwa étaient alors descendus sur le terrain afin de constater les dégâts sur le terrain à Laf. Des forestiers ont fait partir les éléphants de Zouzouï à coups de fusil, à 6 Km, et se sont retrouvés dans l’arrondissement de Mindif et y séjournent toujours, causant davantage des dégâts.